Ce matin
Au détour d'un chemin, plus de sept-mille ans nous forcent au respect. Ce tumulus, constitué de 27 blocs de schiste poupre et de quartz est de forme trapézoïdale. Il s'étend sur vingt-cinq mètres de long pour une largeur comprise entre cinq et six mètres. Le site est associé à une légende christianisée, comme souvent : les seigneurs et les moines du pays y passant leur temps à ripailler, furent un jour surpris en flagrant délit par Saint Meven, Saint Méen en français, et transformés pour l'éternité en pierres sur les lieux-mêmes.
Ne parlez pas trop fort dans les bois. Les arbres ont des oreilles.
En descendant la route en lacets, je l'aperçois au loin, immobile, juste au dessous de la digue de schiste pourpré qui longe une partie de l'étang.
Ce matin, je n'ai que mon objectif Canon EF-S 18-55 mm, mais je tente. Je gare ma voiture une centaine de mètres plus loin, puis je m'approche lentement, sans bruit, après avoir pris un repère par alignement dans la végétation du muret et un arbre de l'autre côté de l'étang. Je termine, baissé, en apnée, repère l'animal, qui se trouve maintenant juste en dessous de moi. Visée écran au ras du muret, ni vu ni entendu : clac.
Et voilà. Approche réussie. Maître Héron ne s'est aperçu de rien.
Mon esprit vagabonde au dessus des eaux, va se perdre au loin, dans la forêt.
Nombrils de Vénus givrés sur leur tapis de mousse.
Sur les murs d'une vieille chapelle, une micro-forêt de cladonies à pyxides s'éveille. La nature reprend ses droits.