Les Sept-Îles
Perchés sur leur domaine de granit et de lichens, des cormorans huppés aux postures héraldiques semblent protester contre un certain projet d'extraction de sable, validé depuis un sombre ministère parisien, un sinistère de l'escroc-logie plutôt ! Un projet dément et destructeur, dans une baie toute proche, la Baie de Lannion.
Deux goélands argentés observent.
Les fous de Bassan font leurs nids avec tout ce qui leur tombe sous le bec, y compris, hélas, avec de vieux bouts en polypropylène (polymère thermoplastique), des débris de filets de pêche ... Ce qui n'est pas sans danger pour les oiseaux.
Moi qui ne supporte pas la foultitude, la masse, le bruit, me voilà servi. Boutade, car ici, rien à voir : c'est si beau, si grand, si sauvage, qu'on en reste quasiment hypnotisé.
La fonte des neiges au dessus d'un fjord islandais ? Non, des fous de Bassan sur une île bretonne. Plus de 20 000 couples chaque année viennent s'y reproduire, d'avril à la fin de l'été. Chaque couvée est constituée d'un oeuf unique, blanc bleuté. Le poussin, nidicole, est nourri par ses parents pendant 90 jours.
Si le fou est silencieux en mer, il émet des cris gutturaux très sonores dès qu'il rejoint sa colonie.
La chorale du Bout du Monde ...
La Bretagne compte deux colonies principales de phoques gris, tous cousins des phoques gris d'Irlande, de Galles, d'Ecosse, de Cornouailles, car ils se déplacent d'un pays et d'une île à l'autre au cours de leur vie, de 25 à 35 ans : l'archipel de Molène - Ouessant, et les Sept-Îles.
On trouve, un peu plus à l'est, dans la Baie du Mont Saint-Michel, une colonie d'une autre espèce, plus petite, le phoque veau marin.
Quasiment exterminé par son prédateur public n° 1 au cours du XXème siècle, il est aujourd'hui protégé ... jusqu'à quand ?
On sait déjà le triste sort fait au loup et à l'ours, en France, Etat par ailleurs grand donneur de leçons en toutes choses.
Tout ceci laisse songeur notre ami le goéland marin, qui attend patiemment l'heure de son casse-croûte.
Laissez-moi vivre ma vie de fou. Le reste, je m'en fous.